21.04.2010 | Sonja Lüthi

Femme et SIA est une marque

La commission Femme et SIA défend depuis une demi-décennie les intérêts des femmes dans les métiers techniques. Sa présidente, Beatrice Aebi, nous explique les tenants et les aboutissants de la commission et ses missions et projets actuels.

La commission Femme + SIA a été fondée en 2003, autrement dit après les luttes les plus virulentes en faveur de l'égalité des sexes. Pourquoi une fondation à ce moment et dans quel but?
Soutenu par la SIA pendant deux ans, le projet "Frau am Bau" a pris fin en mars 2003. Assurément, ce projet a été notre déclencheur. Avec la formation d'un groupe de travail à l'initiative de Maya Karácsony, l'objectif était de transférer les enseignements tirés du projet Frau am Bau à notre société. L'objectif formulé ensuite, mission de la commission, s'inscrit avant tout dans la politique de la société: Lors de la formation du groupe de travail en octobre 2004, à peine près de 8% des membres de la SIA étaient des femmes (NDLR: au 31.12.2008, elles étaient 9,3%). La mission essentielle de la commission est d'augmenter ce chiffre et d'augmenter la proportion de femmes dans les organes fédératifs. Mais bien entendu, les objectifs visés allaient bien plus loin. Ainsi, la commission défend de manière générale l'augmentation de la sous-représentation des femmes dans la vie active et la formation, notamment au niveau des ingénieures, et dans les organes de décision comme les jurys de concours ou les directions générales. Pour cela, il faut sensibiliser les intéressées, bénéficier de conditions familiales favorables, montrer l'exemple, mettre en place des réseaux etc. Les actions menées sont très diversifiées.

D'où vient le nom de la commission?
A l'origine, le groupe de travail se nommait Femme à la SIA. Nous avons ensuite développé un plan directeur et une CI propre avec une agence de communication avant d'opter pour "femme et SIA". Le nom veut tout dire: il véhicule de manière concise et globale la mission centrale que je viens d'évoquer.

Je comprends votre point de vue. Mais aujourd'hui, le monde du travail est plus ouvert: il s'agit moins d'une question de sexe que d'une question d'égalité. Et depuis le départ, l'objectif était d'avoir aussi bien des femmes que des hommes à la commission. Prévoyez-vous de modifier le nom en conséquence?
Non. Ce nom nous donne entière satisfaction! En plus, depuis le début notre objectif était de former une marque à partir du nom et de notre identité. Aujourd'hui, on fait appel à nous en tant qu'expertes dans nos domaines. Il serait donc contre-productif de changer à nouveau de nom au terme de quelques années seulement.

Quels ont été jusqu'à présent les principaux écueils rencontrés par votre commission, qui est quand même bien différente des autres commissions de la SIA?
Nous rencontrons toujours des résistances, notamment en raison du caractère particulier de notre mission et, en partie, des différentes exigences qu'elle implique. Sachant qu'à la différence des autres commissions la nôtre n'a aucune mission technique clairement définie, mais qu'elle intervient globalement au niveau sociopolitique, nous sommes la seule commission dotée de son propre espace sur le site web de la SIA. Compte tenu de la spécificité de notre mission, nous n'avons pu nous appuyer sur aucun modèle. Notre travail de mise en place et de consolidation par-delà les frontières linguistiques a pris plusieurs années et exigé de nous beaucoup de ténacité. Mais au final, nous avons toujours atteint nos objectifs. Sans le soutien de la direction de la SIA, notamment du président Daniel Kündig, et du secrétaire général de la SIA, d'Eric Mosimann et désormais de Hans-Georg Bächtold, cela aurait été impossible, et je profite de l'occasion pour les remercier tous!

Quels projets avez-vous prévus pour 2010 et le futur?
L'un de nos principaux projets est d'encourager le travail des femmes en réseau. Car il s'avère que les femmes travaillent bien moins en networking. Non pas parce qu'elles en sont incapables, mais parce qu'elles ne le font pas. Au lieu de se joindre à l'apéritif, après une conférence elles vont chercher les enfants à la crèche. Et c'est justement pendant la partie détendue des manifestations que l'on prépare les décisions et que l'on décroche les commandes. Les hommes maîtrisent ça à la perfection; nous pouvons donc apprendre d'eux. Dans le cadre de notre engagement Femme + Net, nous organisons donc quatre fois par an des conférences de professionnelles suivies d'un apéritif. Nous avons deux gros projets qui nous occuperont sûrement après 2010: SAFFA 2020, sous l'égide de Alliance F, dont le document de réflexion devra être rédigé d'ici 2011, et une nouvelle série de manifestations consacrées au thème des "nouveaux modèles de travail". Dans le cadre des workshops et des débats publics, nous voulons communiquer la perspective de l'employé et de l'employeur et, enfin, élaborer un plan directeur dans lequel la SIA aura sa place en tant que société professionnelle.

En 2009, vous avez accepté un nouveau mandat de deux ans. Quels sont vos objectifs personnels en tant que présidente de la commission?
Que notre commission grandisse! Que nous parvenions à rallier les professionnelles techniques à la SIA, et à gagner de nouveaux membres dans d'autres sections Suisse alémanique et romande et au Tessin. Et, très important, que notre commission touche et accroche aussi une nouvelle génération de jeunes femmes et hommes.

www.femme-sia.ch