06.12.2018 | tracés | David Fässler

Enquête trimestrielle : conjoncture et marche des affaires dans la branche des études, IV 2018

Léger ralentissement dans un contexte très dynamique Dix ans après la crise financière, la branche des études suisse jouit d’une solide santé économique – avec un bémol au niveau des perspectives à court terme, plus mitigées qu’auparavant.

Début septembre 2008, la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers provoquait un séisme sur les marchés mondiaux de la finance et marquait le début de la crise. La Suisse s’en tirera sans dommages majeurs – les secteurs des études, de la construction et de l’immobilier connaîtront même une phase de prospérité hors du commun, principalement en raison de taux d’intérêt extraordinairement bas.

 

Une leçon mal apprise

Dix ans après la crise, experts et observateurs du marché se rejoignent pour dire que les enseignements n’en ont pas entièrement été retenus. Au contraire même : depuis 2007, l’endettement privé a augmenté de 40 % environ au niveau mondial, principalement sous forme d’hypothèques. En Suisse, le montant de la dette hypothécaire représente aujourd’hui près de 1000 milliards de francs. Si les taux d’intérêt venaient à augmenter, la stabilité financière des propriétaires d’immobilier privés et institutionnels pourrait être mise en péril. Une attention particulière est actuellement portée aux augmentations de prix touchant à l’immobilier de rendement – comme les maisons multifamiliales, par exemple. Cela fait un certain temps déjà que la Banque nationale suisse (BNS) tente d’alerter sur les déséquilibres croissants dans ce secteur. Dans le cadre des NZZ Real Estate Days 2018, son vice-directeur Fritz Zurbrügg s’est exprimé de manière critique sur les pratiques d’octroi de crédit des banques axées sur le marché domestique : de plus en plus de financements sont accordés à des clients dont les ressources pour supporter une hausse significative des taux d’intérêt, à 5 % par exemple, seraient insuffisantes. Face à cette situation, il a appelé à l’élaboration de mesures ciblées pour assurer la stabilité financière du pays.

 

Situation stable dans le secteur des études

L’industrie de la construction a apporté une contribution déterminante à la valeur ajoutée nationale entre 2009 et 2014, comme l’a expliqué Jan-Egbert Sturm, directeur du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ à l’occasion de la traditionnelle conférence relative aux prévisions conjoncturelles. Depuis environ trois ans, cette contribution décline assez nettement, tout en se maintenant à un niveau élevé, ce que confirment également les résultats de l’actuelle enquête trimestrielle dans la branche des études. La conjoncture se refroidit légèrement : 49 % des bureaux d’étude la considèrent bonne, 47 % la jugent satisfaisante, tandis que 4 % seulement font état d’une situation défavorable.

 

Des attentes différentes

Les attentes exprimées par les bureaux d’études dans le cadre de l’enquête du KOF sont contrastées. Les participants à l’enquête se montrent d’une part plus optimistes qu’à l’été 2018 pour ce qui est de la demande, de leur capacité d’exécution des mandats et d’emploi. Ils se montrent en revanche moins optimistes pour ce qui est de l’évolution de la marche des affaires pour les six mois à venir, sans doute parce qu’ils estiment que les prix continueront de baisser, ce qui se répercuterait sur leurs revenus. Alors que l’estimation du volume global des projets de construction a, dans l’ensemble, à peine évolué au cours des trimestres passés, les chiffres de la construction de logements et de la construction publique affichent un net recul depuis le début de l’année. Les volumes financiers dévolus à la rénovation et à l’entretien augmentent légèrement, pour s’établir à 37 %.

Les estimations des bureaux d’architecture relativement à la marche des affaires, la demande ainsi que la capacité d’exécution des mandats n’ont guère évolué au cours des mois passés. La baisse des volumes financiers des projets dans la construction de logements a également été évoquée par les architectes, qui sont plus nombreux à la ressentir, toujours selon l’enquête du KOF.

 Les ingénieurs jugent la marche des affaires moins bonne qu’au début de l’année, ils sont toutefois plus positifs pour ce qui est de la demande et de l’état de leurs carnets de commande qu’il y a deux

trimestres. Contrairement aux bureaux d’architecture, les bureaux d’ingénierie avancent à nouveau une estimation plus optimiste des volumes financiers des projets de construction.