16.04.2013 | sia online | Peter Matt & Dr. Fritz Hunkeler

Développement du patrimoine construit en Suisse

Depuis quelques temps, un petit groupe de spécialistes planche sur la question de la situation actuelle du patrimoine construit en Suisse et comment celui-ci se développera au cours des prochaines décennies en prenant en considération les nouveaux défis qui nous attendent. Il est rapidement apparu que quelques acteurs de la construction suisse sont en train d’élaborer, pour eux-mêmes, des concepts pour l’avenir, mais qu’il manque certes une vision d‘ensemble sur le sujet. Ce constat a conduit à la création du projet Développement du patrimoine construit en Suisse (DPCS).

Les travaux préparatoires ont mis en évidence que le patrimoine construit en Suisse (parc de bâtiments, infrastructures routières et ferroviaires, équipements énergétiques ainsi que réseaux d’approvisionnement et réseaux de traitement des déchets et eaux usées, etc.) constitue un pilier central de notre prospérité. A l’avenir, il s’agit d’assurer également l’excellente qualité de ces précieuses infrastructures (valeur de remplacement actuelle d’environ 2'500 Mia de FS et investissements annuels de plus de 50 Mia de FS) de même que l’avantage compétitif de la Suisse qui en dépende, ce qui contribuera au développement durable de la Suisse.

Des activités spécifiques à des thèmes particuliers, initiées et encouragées par des services publics et des institutions privées, ont déjà été entreprises ou sont en cours à différents ni-veaux. Une vision d’ensemble à un niveau supérieur, comprenant une évaluation des aspects démographiques, politiques et financiers ainsi que des risques et de la sécurité des réseaux (p.ex. sécurité d’approvisionnement, dangers naturels, risques environnementaux, sécurité structurale) n’existe cependant que dans certains domaines particuliers. Cela n’est pas suffisant, compte tenu des défis importants au niveau financier et de l’emploi des res-sources humaines.

En outre, des thèmes importants n’ont pas encore été traités avec suffi-samment de profondeur. Ainsi, p.ex. le rapport du Conseil fédéral sur l’avenir des réseaux d’ infrastructure nationaux n’aborde pas les réseaux locaux et régionaux importants (routes, chemins de fer, approvisionnement en eau, électricité et gaz, et traitement des eaux usées et gestion des déchets), dont les cantons et les communes assument la responsabilité. Les conséquences sur les ressources humaines, p.ex. l’évolution des besoins de formation et de perfectionnement et les compétences futures des prestataires de services, sont aussi à peine effleurées. Il existe également peu de recherches qui ont étudié le vieillissement et l’entretien des infrastructures existantes sur une perspective à long terme.

Dans ce contexte, le manque croissant de forces de travail dans le domaine de la construc-tion joue un rôle très important. Il faut donc veiller à ce que notre pays dispose de suffisam-ment de forces de travail formées et qui se sont perfectionnées pour être en mesure d’accomplir les tâches qui se présenteront à l’avenir. Le renforcement de l’immigration de forces de travail étrangères pour combler la pénurie permet certes de fournir un soutien tem-poraire, mais ne constitue pas la solution à long terme.

Au niveau politique, des mécanismes ont été mis en place ces dernières années permettant p. ex. de réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2 lors de la construction et l’exploitation des bâtiments. On peut donc p.ex. se poser la question de savoir quelles mesures seront indispensables de prendre pour appuyer efficacement et avec succès cet objectif dans les immeubles du futur.

Se fondant sur des réflexions et analyses approfondies, les auteurs de ce projet arrivent à la conclusion que la Suisse a rapidement besoin, pour répondre aux défis de l’avenir, d’une stratégie sur la problématique de la maintenance, de la rénovation et du développement futur du patrimoine construit pour les 20 à 40 prochaines années, tenant aussi compte des milieux professionnels, de la politique et de la population dans leur ensemble. Pour cela, il convient d’utiliser au mieux le savoir-faire actuel et renforcer le transfert des connaissances entre les différents acteurs.

Le projet comporte trois phases:

  • Phase 1 (janvier 2012 – juin 2013): une journée d’impulsions de haut niveau soigneusement préparée est organisée dans cette phase. . Il s’agira de faire la synthèse des connaissances actuelles sur le sujet, d’identifier les axes d’action indispensables et d’indiquer de quelle manière les besoins identifiés de notre société dans le domaine concerné pourront être durablement satisfaits dans l’horizon de temps visé. Il conviendra de définir les limites du système et d’identifier les domaines d’action présentant le plus fort effet de levier. Le public-cible de cette journée sont des décideurs et des spécialistes ainsi que toutes les personnes intéressées à l’avenir du patrimoine construit en Suisse.
  • Phase 2 (juillet 2013 – décembre 2013): dans cette phase, une analyse fouillée permettra de déterminer les besoins et objectifs des acteurs à l’horizon de temps fixé. Ces éléments ajou-tés au résultat de la journée permettront d’élaborer un document stratégique, qui présentera les besoins d’action des différents acteurs pour la maintenance, la rénovation et le dévelop-pement futur. Ces besoins seront encore étudiés en profondeur au cours de la phase 3 du programme d’impulsion « Développement du patrimoine construit en Suisse ». En outre, il s’agira de définir des thèmes et des projets et d’en assurer le financement.

    Les phases 1 et 2 constituent la première partie du projet. Les résultats obtenus après ces 2 phases permettront de lancer la phase 3.

  • Phase 3 (2014 – 2019): la phase 3 est désignée « Programme d’impulsion développement du patrimoine construit en Suisse » (PI DPCS). Elle représente en fait le noyau central de l’ensemble du projet. Le PI DPCS a pour objectif d’approfondir les thèmes et les projets définis dans le document stratégique et d’élaborer les outils et instruments nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie. La formation et le perfectionnement professionnel des acteurs seront certainement un point central. Les documents de base (p.ex. normes et documenta-tions), les instruments (p.ex. mesures incitatives) et les outils (p.ex. check-lists) en vue de la mise en œuvre de la stratégie (phase 3) devront être rédigés en fonction des objectifs visés et devront être établis dans le cadre des cours de formation et de perfectionnement de tous les acteurs. Il est vraisemblable que des travaux de recherche préalable seront nécessaires pour certains objectifs particuliers.

Le projet a rapidement suscité l’intérêt des principaux acteurs du secteur de la construction en Suisse. Les travaux prévus dans les phases 1 et 2 sont couverts financièrement par des contributions des partenaires suivants : les Offices fédéraux ARE, OFEV, OFEN, OFROU, OFT, les CFF ainsi que les associations AEAI, ASA, SIA, SSE, VSS ainsi que le Groupe P+H de constructionsuisse.

Soutiennent également ce projet : DTAP, Association des communes suisses, HEV, Infra, KBOB, CIC, Infrastructures communales, Réseau Construction durable Suisse, professeurs EPFL et EPFZ, Union des Villes Suisse, usic et Agenda 21 pour l’eau.

La journée de lancement du projet est agendée le 12 juin 2013, à Berne. Toutes autres informations peuvent être consultées sur : www.tfb.ch

Peter Matt, président du comité de conduite DPCS, et Dr. Fritz Hunkeler, directeur du projet DPCS

 

Technik und Forschung im Betonbau