13.02.2020 | sia online | Communication SIA

Les meilleurs architectes à portée de clic ?

Les évaluations en ligne n’épargnent pas les bureaux d’études. Une évolution inquiétante que dénonce la SIA.

Que l’on recherche une bonne adresse pour dîner dans un cadre élégant ou l’hôtel le mieux noté d’une ville, quelques clics suffisent aujourd’hui à se renseigner, que ce soit sur Google Maps, Booking.com ou TripAdvisor. Dernière tendance en date : certains s’en remettent même à Internet pour rechercher l’architecte qui construira la maison de leurs rêves, sur architektvergleich.ch des Swisscom Directories. Tous ces sites ont en commun que l’on peut y noter et évaluer des prestataires, qu’il s’agisse d’hôtels, de restaurants, ou justement, de concepteurs. S’il est vrai que la véracité des avis n’est pas vérifiée, la plupart des personnes se montrent honnêtes et rendent compte de leur expérience le plus objectivement possible. Toutefois, qui souhaite se renseigner sur ces plates-formes aurait tout intérêt à examiner la fiabilité des renseignements fournis d’un peu plus près. L’hôtel Dolder Grand à Zurich compte par exemple plus de 1600 avis sur Google Maps – en grande majorité positifs. Au vu d’un tel nombre d’hôtes satisfaits, les doutes quant à la qualité de l’hôtel sont raisonnablement minces.

Mais pour ce qui est des architectes, est-ce vraiment pertinent de juger leurs prestations sur Internet ? Et de se forger une opinion sur un bureau d’architecture en se fondant sur le nombre d’étoiles attribuées et la tonalité des commentaires ? Il est permis d’en douter... D’une part parce qu’un hôtel ou un restaurant compte bien plus de clients qu’un bureau d’architecture. D’autre part, parce que ces établissements proposent des prestations standard, tandis que les architectes réalisent chaque mandat sur mesure, en fonction des souhaits spécifiques du client. D’où la question : un maître de l’ouvrage peut-il tirer des conclusions générales à partir de son cas particulier ? Sans compter que sur architektvergleich.ch, les concepteurs ont la possibilité de s’assurer un meilleur positionnement contre rémunération, de manière à apparaître en tête de liste dans la recherche par canton. Partant de là, la qualité des entrées est pour le moins sujette à caution.

On est en droit de s’interroger sur les motivations d’un concepteur ou d’un bureau qui s’inscrit sur un tel site... une démarche qui n’est d’ailleurs pas nécessaire. Car il faut savoir que lorsqu’on transmet ses coordonnées à l’annuaire suisse officiel, l’on voit ses données automatiquement transférées vers ce portail dont il faut alors les supprimer si on ne souhaite pas y apparaître. Loin d’être conçues comme des aides pratiques, ces plates-formes sont donc avant tout des pièges à données servant des visées commerciales – dans ce cas celles des Swisscom Directories. D’où le scepticisme de la SIA face à ce type d’« évaluations »... D’autant qu’à l’heure où les associations de concepteurs sont enfin parvenues, avec la révision de la loi fédérale sur les marchés publics (LMP), à mettre fin à la primauté délétère du prix le plus bas, la concurrence s’axera à nouveau sur la qualité. Les marchés devront désormais être attribués à l’offre la plus avantageuse et non plus à l’offre la moins chère. En vertu de quoi la SIA recommande à ses membres de renoncer à l’utilisation de architektenvergleich.ch et, le cas échéant, d’en faire supprimer leurs données.