18.04.2016 | tracés | David Fässler

Rapport conjoncturel pour la branche des etudes 1/2016 - Le secteur des bureaux d’études, un îlot préservé au cœur de la tempête?

Un tableau très disparate de l’économie suisse se dégage des perspectives commerciales pour l’année 2016. Le secteur des bureaux d’études garde en revanche la tête hors de l’eau. Pour les architectes et les ingénieurs, la vigilance reste cependant de mise.

Le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich (KOF) mène des enquêtes régulières sur la marche des affaires dans différentes branches de l’économie suisse privée. Les principaux secteurs étudiés sont l’industrie, le commerce, la restauration, la construction, les bureaux d’études, les services financiers et les assurances. Par rapport aux autres secteurs, les architectes et les ingénieurs se situent régulièrement, et depuis longtemps, dans une frange définie comme «situation bonne et en amélioration» (voir graphique). Est-ce que, pour autant, tout va pour le mieux?

Des opportunités et des risques maîtrisés?

A l’évidence non, si l’on en croit le Manuel des branches du Credit Suisse (CS)1 pour l’année 2016: les bureaux d’études ne sont pas assez armés face aux tempêtes qui s’annoncent. En matière d’opportunités et de risques à moyen terme, le secteur n’obtient que 0,1 point du benchmark CS. La moyenne, rien de plus. Les auteurs jugent les marges des bureaux d’études faibles par rapport au risque et craignent qu’en cas de recul de la demande, la branche ne doive procéder à une restructuration. Dans le pire des cas, des bureaux pourraient disparaître du marché. Les années précédentes, les experts du CS avaient déjà émis des prévisions tout aussi pessimistes. En comparaison, le secteur de la construction est évalué à –0,1 point et le secteur immobilier à 0,4 point. L’imprimerie et l’édition font, elles, figure de lanterne rouge avec –1,9 point, tandis qu’à l’autre extrémité du classement, les services informatiques émergent grand vainqueur avec 3,0 points.

Un secteur qui reste stable

La dernière enquête trimestrielle du KOF montre que le secteur des bureaux d’études maintient néanmoins le cap. Alors que les prévisions sur la marche des affaires des bureaux d’architectes et d’ingénieurs ont atteint des sommets d’optimisme en 2013, un léger ralentissement s’est amorcé en 2014. La situation s’est ensuite clairement stabilisée au printemps 2015. En revanche, les attentes concernant l’évolution du prochain semestre sont plutôt réservées. La part des professionnels interrogés prévoyant une détérioration de la situation est passée de 10% (juillet 2015) à 12% (janvier 2016). La pénurie de main-d’œuvre (35,1%) reste, sans surprise, l’obstacle majeur. Constat frappant: 20,5% des bureaux interrogés se plaignent d’une demande insuffisante. Le KOF évoque les restrictions financières grandissantes auxquelles sont confrontés les bureaux d’études.

Des architectes confiants

Les prévisions des bureaux d’architectes concernant la conjoncture actuelle et son évolution future n’ont guère changé. Les carnets de commandes remplis sur 12,7 mois offrent cependant une belle visibilité, un record inégalé depuis 1996 (cf. graphique à dr.). Actuellement, le volume des nouvelles commandes semble légèrement se tasser, mais dans l’ensemble, la demande se maintient. Les architectes interrogés ont une estimation plus optimiste de la valeur globale des constructions qu’il y a un an: 20% d’entre eux tablent sur une croissance de cette valeur pour le premier trimestre (contre 17% au 1er trimestre 2015), 14% évoquent au contraire un recul (contre 16% au 1er trimestre 2015).

Des ingénieurs raisonnablement optimistes

Après une longue baisse, les premiers indicateurs positifs du trimestre dernier se confirment avec une stabilisation de la marche des affaires des bureaux d’ingénieurs. Il semble que le creux de la vague soit atteint. Néanmoins, 15% des professionnels interrogés s’attendent à une nouvelle dégradation de la situation. Seuls 5% tablent sur une amélioration pour le semestre à venir. En revanche, le baromètre concernant la valeur globale des constructions dans le secteur public est de nouveau au beau fixe. Un coup d’œil sur les statistiques de Batimag le confirme: des projets d’écoles, mais aussi d’hôpitaux et de maisons de retraite sont à l’étude chez les maîtres d’ouvrage du secteur public. Aujourd’hui, 17% des bureaux d’ingénieurs annoncent une hausse des investissements publics. Ils n’étaient que 8% au second semestre 2015. Sans compter que les réserves de mandats se stabilisent après un an de tendance à la baisse. Un optimisme tempéré est donc parfaitement de mise chez les ingénieurs aussi.

David Fässler, responsable SIA-Service, avocat, MBA

Note 1) Credit Suisse, Manuel des branches 2016, Swiss Issues Branches, Répercussions du choc du franc, janvier 2016 (téléchargement gratuit sur le site www.credit-suisse.com).

 

Le graphique inférieur illustre le solde (en points). Cette valeur représente la différence entre la part des réponses positives et la part des réponses négatives. Exemple: 30% de réponses positives, 20% de réponses négatives et 50% de réponses neutres donnent un solde de 10 points.

L’enquête du Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) pour le secteur des bureaux d’études a été menée auprès de bureaux d’architectes et d’ingénieurs suisses volontaires. Les questionnaires sont composés de prévisions sur les activités commerciales passées, actuelles et futures.

Si vous souhaitez participer à l’enquête, vous pouvez répondre au questionnaire en ligne sur le site survey.kof.ethz.ch. Cette enquête peut être testée sans engagement de votre part.

Plus d’informations sur le site:

KOF, ETH