19.11.2010 | Markus Gehri

L'avenir des normes sur les structures porteuses

Les travaux normatifs de la SIA ont dès le début revêtu un caractère pionnier, dans la mesure où ils établissaient des garde-fous sans brider inutilement la créativité des concepteurs.

Les travaux normatifs de la SIA ont dès le début revêtu un caractère pionnier, dans la mesure où ils établissaient des garde-fous sans brider inutilement la créativité des concepteurs. Afin de préserver cet avantage dans le domaine clé des normes de structure, il s'agit de travailler à une étroite convergence des normes nationales et européennes en prévision de la prochaine génération d'"Eurocodes".

36 ans après sa fondation, la SIA publiait sa première norme en 1873, sous la forme de directives pour l'organisation de concours d'architecture. Ont suivi quelques prescriptions de moindre portée, par exemple sur le format des briques pour la maçonnerie, avant la parution de la première norme de structure en 1903: Norme provisoire pour la conception, l'exécution et le contrôle des ouvrages en béton armé. A la fin des années 20, le recueil des normes sur les structures porteuses a été complété pour la construction en bois, suivie de la maçonnerie, puis des structures en acier à la fin des années 30. Et l'essentiel du domaine des structures porteuses est couvert par des normes depuis les années 50. La génération de normes de 1989 marque un tournant dans le sens où les contraintes induites par tous les cas de charge possibles ne sont plus systématiquement rapportées aux valeurs admissibles, mais qu'il revient au concepteur de traiter les principaux scénarios de danger et états limites, soit les situations dites de risque. Le maniement de divers coefficients de sécurité partiels présuppose un raisonnement d'ingénieur qui doit être explicitement documenté dans un plan dit de sécurité, de même que dans le plan d'utilisation pour ce qui concerne l'aptitude au service. Même si tous les domaines n'y étaient pas encore entièrement intégrés de façon homogène, ces normes alors considérées comme les plus modernes d'Europe ont servi de modèle à l'élaboration des prénormes européennes sur les structures porteuses, qui devaient déboucher sur les "Eurocodes". Pour diverses raisons, les experts suisses d'abord fortement impliqués dans ce chapitre de la normalisation européenne, se sont ensuite largement distancés du processus en phase d'achèvement. C'est pourquoi le projet des "Swisscodes" a été lancé pour remplacer en Suisse les normes de 1989 (SIA 160 ss) par une nouvelle série (SIA 260 ss). Basée sur les "Eurocodes" - jugés trop touffus et malaisés à appliquer -, elle était destinée à les compléter sur le plan national.

Situation actuelle

Les normes SIA sur les structures porteuses publiées en 2003 sont largement reconnues et appliquées. Deux générations d'étudiants ont entre-temps été formées sur ces bases, qui sont aussi mentionnées dans diverses législations cantonales. En parallèle, la version définitive des "Eurocodes" a aussi paru et la Commission européenne insiste pour qu'ils soient appliqués partout en Europe et que les normes nationales existantes qui les contredisent soient retirées. La série des normes SIA 260 ss est donc en train d'être adaptée aux dernières connaissances figurant dans les "Eurocodes" actuels et, selon les responsables, elle pourra encore être utilisée durant les 5 à 10 prochaines années, soit jusqu'à ce qu'une version révisée et simplifiée des "Eurocodes" soit disponible. La suite des opérations ne sera envisagée qu'à ce moment-là. En même temps, les compléments annoncés dès 2003 par la SIA pour les aspects touchant à la conservation des structures seront publiés fin de février 2011, tandis qu'au niveau européen, le traitement de ce domaine représente encore une fois une nouveauté suivie avec attention.

Développements à venir

Les normes européennes dicteront largement les futurs développements concernant les structures porteuses. Et des mandats ont été adjugés pour l'élaboration de documents supplémentaires couvrant les matériaux suivants:

  • verre structural
  • polymères renforcés de fibres
  • structures membranaires.


Un suivi particulier de ces trois domaines n'est pour l'heure pas prévu en Suisse. En revanche, le responsable des normes nationales sur la conservation des structures, Paul Lüchinger, dirigera un groupe de travail créé au niveau européen pour les ouvrages existants ("Existing Structures"). D'ici la fin de la décennie, l'Europe envisage aussi l'achèvement d'une nouvelle génération d'"Eurocodes", qui devrait avant tout constituer un ensemble plus compact et plus aisé à appliquer que la série actuelle. Que cette refonte puisse déboucher sur un rapprochement avec la série SIA 260 relève pour le moment du vSu pieux. Mais au cours des années à venir, l'effort de normalisation de la SIA dans le domaine des structures porteuses s'attachera résolument à la convergence des normes nationales et européennes.

A cette fin, les travaux suivants doivent être entrepris sur le recueil des normes de structure de la SIA:

  • introduction des normes sur la conservation des ouvrages (voir aussi formation continue dans l'encadré),
  • adaptations et renforcements dans les normes sur les structures porteuses (révision partielle SIA 260 ss),
  • compléments de détail,
  • élaboration des paramètres déterminés nationalement (PDN) dans les normes de structure européennes ("Nationally Determined Parameter (NDP) within Eurocodes")
  • participation renforcée à la rédaction des "Eurocodes" de deuxième génération.


La SIA est convaincue que les normes sur les structures porteuses (comme toutes les autres normes) constituent des garde-fous, dont le respect doit être présumé. Mais des normes trop tatillonnes ne font que brider inutilement la créativité des concepteurs, n'offrent aucune souplesse et encouragent le recours accru à des ingénieurs vérificateurs. La SIA continuera donc à s'engager pour offrir une collection de normes simples, claires et concises. Pour y parvenir, elle dépend plus que jamais de la collaboration bénévole d'experts compétents. Ruvrant au bénéfice de tous les acteurs engagés dans la construction, de nombreux membres de la SIA demeurent heureusement prêts à fournir les gros efforts que cela implique. Il convient ici de les en remercier très chaleureusement.

Markus Gehri, responsable normes et règlements

 

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