16.09.2016 | sia online | Manfred Huber

Bases pour l’application de la méthode BIM

Avec son cahier technique SIA 2051 BIM actuellement en consultation, la SIA a élaboré un document essentiel pour faciliter la compréhension. Il sera suivi d’une documentation illustrant l’application pratique de la méthode.

Au plus tard depuis le Swissbau 2016, le Building Information Modelling (BIM) fait l’actualité. Architectes et concepteurs se penchent sur la méthode BIM, dont l’utilisation n’a de cesse de progresser. De plus, un nombre croissant de maîtres de l’ouvrage exigent l’application du BIM. Ils en attendent une nette amélioration des processus d’étude, de réalisation et d’exploitation pour une meilleure qualité des ouvrages. Dans le même temps, les opinions quant aux performances potentielles du BIM divergent fortement parmi les professionnels de la construction, et l’application de la méthode semble en outre peu claire à nombre d’entre eux. Aussi, avec son cahier technique SIA 2051 «Building Information Modelling (BIM) – Bases pour l’application de la méthode BIM» qu’elle a mis en consultation début juillet, la SIA apporte-t-elle une importante contribution à la clarification du débat et lui donne-t-elle un tour concret. Une commission de 18 membres de groupes professionnels de la SIA a élaboré ce cahier technique, avec l’appui de représentants des hautes écoles, du CRB, ainsi que de la KBOB qui ont apporté leur expérience et leurs connaissances.

Etablir un consensus terminologique
Pour la rédaction du cahier, la commission s’est mise d’accord sur une série d’énoncés de base: le Building Information Modelling est une méthode qui utilise des modèles d’ouvrages numériques. En tant que bases de données, ces modèles constituent à la fois une abstraction du réel et une représentation des caractéristiques d’un ouvrage. Afin de poser d’emblée une terminologie univoque, le cahier technique définit la notion de BIM ainsi que nombre d’autres termes usités dans le cadre de son application. Il décrit ensuite l’organisation d’un processus BIM et de son élément central, le plan de traitement du projet BIM (également appelé manuel BIM du projet), en détaillant la formulation des objectifs, les contenus des modèles, ainsi que leur coordination (voir graphique 1). De même, le document explicite les formes et les niveaux d’application de la collaboration basée sur le BIM, ainsi que l’intégration des modèles d’ouvrage que cela suppose. Le cahier technique nomme les participants et les rôles qui leur sont dévolus, de même qu’il énonce la répartition des tâches et des responsabilités. Le chapitre final consacré aux «Prestations» montre en quoi l’application de la méthode BIM peut modifier la fourniture des prestations: ce point est illustré par les questions «Quand», «Quoi», «Qui» et «Combien» – et des précisions sont apportées pour la prise en compte d’éventuelles modifications dans les règlements actuels concernant les honoraires. Enfin, les modifications entraînant des effets sur les dispositions contractuelles sont également signalées, tout comme les domaines juridiques concernés (droits d’utilisation, p.ex.).

Pas de nouveau système de classification
Comme base pour l’application de la méthode BIM et en tant que norme de compréhension classique, le cahier technique SIA 2051 a sciemment été mis au point de manière à ne pas empiéter sur d’autres normes et règlements. De même, il n’établit pas de nouveau système de classification et ne contient ni définition d’attributs, ni énoncés qualitatifs ou quantitatifs concernant la fourniture de prestations et leur rémunération. Il démontre en priorité que la méthode peut déjà être appliquée dans le cadre des normes, règlements et standards aujourd’hui en vigueur. Certes, la numérisation croissante des processus de conception et de construction obligera à terme à revoir des outils de travail existants ou à en créer de nouveaux, mais cela supposera un stade d’expérience suffisant pour en tirer les «meilleures pratiques». La parution de la documentation SIA D0256 BIM est prévue en même temps que la publication définitive du cahier technique. Elaborée sous la direction de la commission SIA 2051, celle-ci comportera deux parties, dont la première abordera les exigences liées à l’introduction du BIM dans une entreprise. Plus développée, la seconde documentera un projet BIM par l’exemple. L’application de la méthode BIM y sera représentée de manière concrète, calquée sur la pratique. Les éléments du plan de traitement du projet BIM et leurs liens avec les modèles numériques seront mis en évidence. En ce qui concerne les prestations, la documentation précisera comment la rémunération peut être déterminée selon les règlements sur les honoraires actuellement en vigueur. La documentation SIA D0256 constitue ainsi le complément pratique essentiel au cahier technique SIA 2051, dont l’objectif premier est la mise en place d’une compréhension commune.

Lacunes du modèle IFC
S’ils apportent une aide précieuse à l’application du BIM, le cahier technique et la documentation n’en lèvent pas pour autant tous les obstacles qui peuvent se poser dans la pratique quotidienne: ni l’un ni l’autre ne définiront en effet les caractéristiques des objets employés dans les modèles numériques de l’ouvrage. Ces caractéristiques sont aujourd’hui décrites dans le format de données IFC (ISO 16739). Bien qu’il constitue un modèle de données solide et étendu, le format IFC présente encore quelques lacunes. Certaines caractéristiques (des matériaux, p.ex.) ainsi que leur attribution aux phases de conception, de construction et d’exploitation ne sont pas standardisées. Au niveau européen, de gros efforts sont actuellement consentis pour combler ces lacunes avec le CEN TC 442 BIM. Mais cela ne dispensera pas la Suisse d’adapter les caractéristiques et leur distribution entre les différentes phases à sa propre culture du bâti et d’en assurer l’accès à tous, sur un serveur dédié, par exemple. Notons qu’une telle solution est déjà à la disposition des utilisateurs équipés de logiciels de dernière génération chez nos voisins de l’Est. Sans nouvelle standardisation des caractéristiques et des phases correspondantes, l’interopérabilité demeurera en effet limitée.

Prof. Manfred Huber, arch. dipl. EPF SIA, président de la commission SIA 2051 BIM, co-propriétaire aardeplan Architekten ETH SIA. Directeur du centre de compétences pour la conception et la construction numériques à la FHNW.


Info-I
La consultation du cahier technique SIA 2051 est ouverte jusqu’au 30 septembre 2016. Vous trouverez le projet et les commentaires qui s’y rapportent sous www.sia.ch/fr/services/sia-norm/mises-en-consultation/nc/1/.

Modèle de coordination BIM pour un projet d’immeuble; le graphique montre l’intégration des modèles des spécialistes au modèle général. (Source: SIA 2051)