15.05.2013 | sia online | Jobst Willers

Nouveau profil professionnel: coordinateur BIM

Tandis que de nouvelles méthodes de planification numériques, telles que le «Building Information Modeling» (BIM) – ou «maquette numérique du bâtiment (MNB)» en français – sont de plus en plus appliquées au niveau international, leur introduction en Suisse demeure freinée, notamment par des obstacles organisationnels rigides. A l’occasion de sa journée annuelle, le 19 septembre 2013, le groupe professionnel Technique de la SIA (BGT) abordera les méthodes concernées et posera la question d’une nouvelle spécialisation professionnelle.

Les carnets de commande des bureaux d’architecture, de génie civil et de spécialistes en installations du bâtiment sont abondamment garnis depuis plusieurs années. La conjoncture favorable dont profite le marché de la construction ne doit toutefois pas occulter les changements structurels en cours, qui appellent des adaptations fondamentales au sein de la branche. Alors que la modélisation numérique pour le bâtiment (Building Information Modeling BIM) gagne du terrain, la Suisse est à la traîne dans ce domaine. La responsabilité des grands projets de l’industrie pharmaceutique dans la région de Bâle est ainsi confiée à des bureaux d’ingénieurs allemands et il ne reste plus guère à leurs homologues suisses que l’option de postuler comme sous-traitants. Ce manque de réactivité est dû à des modes d’organisation rigides, associés à une pénurie aiguë de spécialistes qualifiés.

Potentiel du BIM

Les atouts du BIM résident dans la simulation détaillée de la structure et des installations d’un bâtiment, ainsi que de leurs variantes, sans frais supplémentaires. Les avantages qui en découlent sont multiples: l’optimisation des fonctions devient possible moyennant des coûts d’étude modestes, ce qui se traduit ensuite par des économies spectaculaires au niveau des frais d’exploitation. Un catalogage clairement ordonné des éléments de construction disponibles sur le marché facilite le choix de la solution avantageuse. Les phases de planification et d’exécution bénéficient en outre d’une flexibilité notablement accrue, dans la mesure où les retombées financières et spatiales d’une modification de projet sont immédiatement visibles. Enfin, la disponibilité d’un dossier numérique as built dès l’achèvement des travaux facilite encore grandement le travail du gestionnaire d’immeuble.
En particulier pour des bâtiments d’envergure, dotés d’une logistique élaborée et d’installations techniques très complexes, tels les hôpitaux p.ex., le recours au BIM est aujourd’hui une nécessité. Il en va de même pour les interfaces supplémentaires qu’il faudra maîtriser à l’horizon énergétique 2050, pour intégrer le contexte systémique d’un bâtiment en vue de son approvisionnement de proximité. Des objectifs tels que l’absence d’émissions, le chauffage à basse température et la réfrigération à haute température peuvent en effet rarement être atteints sans étude de variantes.

Cahier des charges du coordinateur spécialisé BIM 

L’introduction des méthodes BIM ne contribue toutefois pas seulement à optimaliser les phases de projet, d’exécution et d’exploitation, mais implique encore une approche radicalement nouvelle. Contrairement à une organisation de projet classique, dont l’architecte assume la responsabilité globale en coordonnant un grand nombre de concepteurs spécialisés, mais où la responsabilité de la gestion des données n’est pas clairement définie, le nouveau modèle confie l’articulation du projet au coordinateur spécialisé BIM. C’est à lui qu’incombe la tâche de coordonner les différents domaines concernés (installations techniques du bâtiment, façades, etc.) pour les intégrer à un système de bâtiment fonctionnel. Il ne développe donc pas de concepts lui-même, mais il est responsable de coordonner les prestations spécialisées et de gérer l’ensemble des données. Le cas échéant, il reste à définir si la conduite de projet doit ou non s’ajouter à ce cahier des charges.

Le profil exigé d’un coordinateur BIM inclut la connaissance des processus d’étude et de réalisation, la maîtrise des outils BIM et des règlements SIA (RPH 102/103/108), l’expérience des installations du bâtiment (y compris en matière de façades et de domotique) et des compétences de direction. Les applications BIM nécessitent un bon communicateur, apte à motiver et à s’imposer.

Les bureaux d’architectes et d’ingénieurs suisses ont jusqu’ici bénéficié de la réputation internationale attachée aux qualités architecturales et fonctionnelles supérieures de leurs travaux. L’introduction des méthodes BIM aidera les concepteurs suisses à maintenir leur branche à ce niveau.

Jobst Willers, Ing. ETS/SIA, président du groupe professionnel Technique de la SIA

 


Journée annuelle du groupe professionnel Technique (BGT)

La Journée du BGT se tiendra le 19 septembre 2013, de 8h30 à 17h00 Uhr, à l’hôtel Astoria à Lucerne. La matinée sera consacrée aux défis et tendances actuels (approche systémique du bâtiment, planification globale architecture/faça¬de/concept énergétique), ainsi qu’aux exigences qui en découlent pour la coordination des prestations spécialisées. L’après-midi verra la présentation de nouvelles méthodes de planification (dont le BIM). Après chacune des sessions, les contenus présentés seront discutés et approfondis lors d’une table ronde.
Le coût de la journée (y. c. repas et documentation) s’élève 280 Fr. (pour les membres SIA) resp. à 330 Fr. (pour les non membres). Le congrès se déroulera en allemand.

Informations complémentaires et inscriptions sous: www.sia.ch\bgt

 

Groupe professionnel technique (bgt)

Les programmes de conception numériques ne suffisent pas encore à garantir un résultat. (Dessin: Pfuschi-Cartoon.ch)