Séminaire de la commission Énergie de la SIA

Sobriété, triangulation cantons–Confédération–SIA et IG-Énergie sont les thèmes abordés lors du séminaire qui a réuni la commission énergie (EK) de la SIA le 1er juin 2012 à Neuchâtel. Comme l’ont montré les exposés et les débats qui ont suivi, le courant passe entre les principaux acteurs concernés et nombre de processus sont en cours.

Heinrich Gugerli, responsable de la cellule construction durable au service des bâtiments de la Ville de Zurich, a présenté l’étude «Grundlagen für einen Suffizienzpfad Energie»¹, à paraître fin d’août 2012, qui s’inspire des objectifs de performance énergétique de la SIA («SIA Effizienzpfad Energie») pour prôner la sobriété énergétique. Ce travail examine notamment le potentiel d’économies lié à une diminution à 40 m2 des 60 m2 actuels de surface habitable par personne, ce qui permettrait d’atteindre des valeurs de 15% inférieures aux objectifs de performance correspondants arrêtés par la SIA. Par rapport aux moyennes actuelles, une telle option réduirait en outre de moitié les besoins en énergie primaire non renouvelable. M. Gugerli a exemplifié son propos en détaillant le complexe de Kalkbreite à Zurich, dont la construction a démarré en janvier, et où l’offre de locaux collectifs doit contrebalancer la réduction des surfaces individuelles.
L’enjeu soulève évidemment des questions sociopolitiques majeures, dont la portée dépasse la plupart des problématiques jusqu’ici traitées par la SIA. La commission Énergie se propose donc de lancer dans la revue TEC21 un débat qui solliciterait également des auteurs reconnus pour aborder les implications philosophiques, historiques et socio¬logiques d’un tel choix.

Normes et prescriptions
Marc Schaffner, représentant de la Conférence des services cantonaux de l’énergie (EnFK), a contextualisé les contraintes s’appliquant au Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) entre un durcissement des directives et leur acceptabilité politique. Les diverses exigences formulées par la EnFK envers les normes de la SIA ont ensuite été débattues en détail par le groupe de travail «Nor¬mes et prescriptions» de la EK. Les revendications concernent en particulier la participation à l’élaboration des normes, ainsi que leur applicabilité, leur vérifiabilité sur le chantier et leur compréhensibilité pour des laïcs. En réponse au premier point, il a été rappelé que la composition paritaire des commissions de normes réserve depuis longtemps des sièges aux représentants des cantons et qu’ils sont précisément invités à venir y défendre leurs démarches. Tandis qu’une représentation faîtière leur est ainsi déjà assurée au sein de la SIA, le groupe de travail estime également souhaitable que la SIA puisse elle-même faire valoir une approche «de bas en haut» dans le cadre de la EnFK. Cela assurerait une coordination en amont entre MoPEC et normes SIA.
Quant à la vérifiabilité réclamée par la Conférence des directeurs cantonaux (EnDK), elle est déjà garantie dans le canton de Genève par l’obligation légale d’optimiser la gestion énergétique. Dans le sens d’une optimisation globale des bâtiments, les prescriptions n’y concernent pas seulement les besoins de chauffage, mais impliquent un bilan global incluant le chauffage, la réfrigération, la ventilation, l’éclairage et l’énergie grise.
Une première séance informelle entre l’OFEN, la EnFK et la SIA a eu lieu le 12 juin 2012.

SIG-Énergie
Massimiliano Capezzali rattaché au Energy Center de l’EPFL a présenté l’outil MEU (Instru¬ments innovants de planification et de Ma¬nagement de systèmes Energétiques en zones Urbaines), déjà appliqué par les quatre villes de la La Chaux de Fonds, Neuchâtel, Lausanne et Martigny. MEU est une plate-forme de planification des réseaux partagée par les services industriels et les communes, qui permet notamment de simuler les effets de futurs développements.
Le groupe de travail «SIG-Énergie» de l’EK a examiné la plus-value liée à une solution basée sur l’information géographique pour documenter l’offre de chaleur et d’autres énergies existante, les besoins en chauffage et en réfrigération des bâtiments, ainsi que les potentiels présents dans les communes et les cantons pour l’exploitation de sources renouvelables et la récupération de chaleur.
Il s’agit de clarifier l’intérêt d’un tel système pour les propriétaires immobiliers. Comme ce sont eux qui devraient l’alimenter en données de consommation énergétique, il devrait leur fournir un intérêt en retour. On songe par exemple à des renseignements sur les travaux à prévoir lors de l’acquisition d’un bien ou sur les coûts d’une rénovation énergétique rapportés au cycle de vie de l’ouvrage.
Les données concernant le parc immobilier suisse restent toutefois très lacunaires. Il y a peu de chiffres ou d’évaluations sur les besoins en énergie de chauffage et guère davantage sur les efforts.

¹L’étude «Grundlagen für einen Suffizienzpfad Energie» sera disponible sur:
www.stadt-zuerich.ch/nachhaltiges-bauen

Stefan Brücker, phys. dipl. EPF/SIA, administrateur de la commission énergie