11.06.2013 | sia online | Stefan Brücker

Séminaire 2/2013 du conseil d’experts SIA énergie

A la requête de son conseil d’experts énergie (FE), la SIA a rejoint l’initiative efficacité électrique et lance un centre de compétences pour soutenir les autorités chargées de sa mise en œuvre. Face au problème multifactoriel posé par l’insuffisance du taux d’assainissement des ouvrages, le FE souligne le potentiel de la constitution précoce d’équipes et de compétences d’argumentation économique. Mais le débat est loin d’être clos.

Quelles incitations et mesures sont susceptibles d’élever un taux d’assainissement des ouvrages stagnant pour l’heure au-dessous de 1%; autrement dit, quelles solutions pourraient infléchir la frilosité des propriétaires immobiliers? C’est la question à laquelle le conseil d’experts énergie (FE) de la SIA a consacré son séminaire du 24 mai 2013. En raison des multiples implications de la problématique, il n’est malheureusement pas possible de définir des mesures univoques. De plus, vu notre niveau de vie élevé face à des prix énergétiques comparativement bas, ces questions demeurent une préoccupation clairement mineure pour les non-spécialistes.

L’énergie comme resquilleuse?

Faut-il dès lors se résigner à ce que l’efficience énergétique dans le bâtiment, du moins chez les propriétaires privés, ne puisse être atteinte qu’à titre d’«effet secondaire» d’opérations visant la plus-value résidentielle et l’installation de raffinements domotiques (exploitation via iPhone, etc.). Et les réductions de consommation de 50 à 70% liées à des mesures cohérentes et efficaces ne sont-elles envisageables que comme des retombées annexes? Le Dr Martin Jacob, associé dirigeant de la société de recherche et conseil TEP Energy, a introduit le sujet par un exposé consacré aux réticences face aux rénovations énergétiques, à l’analyse des comportements impliqués et aux mesures envisageables. Selon lui, le cycle de l’innovation doit être appréhendé dans sa globalité comme une panoplie d’actions (propriétaires, locataires, concepteurs, prescriptions légales, incitations).

Les recherches effectuées montrent en effet qu’il n’existe pas de mesure unique à même d’enclencher la dynamique. Le débat engagé sur cette base, s’est alors notamment focalisé sur la constitution d’équipes et la spécialisation économique. Tous les participants ont en l’occurrence reconnu qu’une modernisation de l’enveloppe du bâtiment et/ou de ses installations techniques, voire le regroupement de plusieurs objets, permettent effectivement d’aboutir à des solutions très économiques.

A condition toutefois que l’argumentation englobe le cycle de vie complet de l’ouvrage et que l’ensemble des coûts, y compris les «interventions cosmétiques», soit pris en compte. On constate également que les professionnels des études et de la construction manquent de compétences, lorsqu’il s’agit de présenter aux propriétaires un argumentaire économiquement fondé. Enfin, l’intérêt de former des équipes transcendant les corps de métiers traditionnels est souligné et l’on peut parier qu’en formulant ainsi une stratégie globale personne ne verra un mandat lui échapper.

Les aspects suivants ont été retenus comme des champs d’action restant à approfondir:

  • nécessité d’une analyse complète de l’objet au sein de l’équipe de conseil (p.ex. CECB obligatoire)
  •  perfectionnement de l’expertise économique liée au cycle de vie complet (p. ex. révision en cours de la norme SIA 480 Calcul de rentabilité pour les investissements dans le bâtiment)
  • meilleure prise en compte du contexte environnant (p.ex. solutions communes à toute une zone).

Engagement politique de la SIA

Au cours des derniers mois, le FE s’est à plusieurs reprises interrogé sur l’opportunité et les modalités d’une intervention renforcée de la SIA dans le débat politique. D’un côté, l’indépendance et la crédibilité professionnelle de la SIA représentent des atouts reconnus et très précieux. De l’autre, la Société ne peut se soustraire aux débats politiques concernant ses domaines d’expertise qu’au risque de se voir ensuite reprocher sa passivité.
Le FE est convaincu qu’un engagement politique de la SIA peut s’avérer essentiel, à condition qu’il soit toujours soigneusement pesé et également soutenu par ses membres. Dans cette perspective, la SIA doit absolument se garder de toute instrumentalisation par des groupes d’intérêts particuliers, comme de toute intrusion dans le débat public d’affaires relevant de sa gouvernance interne.

 La SIA peut et doit donc alimenter le débat public sur la base de son niveau d’expertise élevé, mais dans le seul but d’assumer ses responsabilités factuelles. Se fondant sur cette réflexion et avec l’assentiment du comité de la SIA à l’issue de sa séance du 12 avril 2013, le FE a décidé de s’engager au sein de la large coalition qui soutient l’initiative efficacité électrique. Les objectifs de celle-ci vont dans le même sens que ceux poursuivis par la SIA avec la révision de sa norme 380/4 L’énergie électrique dans le bâtiment. Aux yeux du FE, ces objectifs ne sont pas exagérément ambitieux, mais réalisables grâce à la mise en oeuvre de la «meilleure technique». La SIA saisit ainsi l’occasion de diffuser publiquement les connaissances engrangées pour la révision de sa norme 380/4 en générant une plus-value collective.

Encouragement aux responsables de la mise en œuvre

Un autre objet de débat a été de définir comment la SIA peut répondre à la demande de processus simplifiés émanant des instances responsables sans banaliser les normes SIA qui en règlent l’application. Le modèle du contrôle privé, jusqu’ici introduit par quelques cantons seulement, a fait ses preuves comme soutien aux autorités communales concernées. En complément à l’extension de ce modèle à d’autres cantons, le FE propose que la SIA mette sur pied une formation continue ou un centre de compétences qui dispenserait aux spécialistes responsables de la mise en œuvre une introduction ciblée aux normes ad hoc.

Congrès sur le stockage d’énergie décentralisé

A terme, les bâtiments sont appelés à jouer un rôle toujours plus important dans le stockage décentralisé d’énergie. Via les installations techniques et les capacités de stockage existant aux niveaux inférieurs du réseau, une gestion ciblée des charges contribuerait notablement à la stabilisation de ce dernier face à une décentralisation accrue de la production de courant. Pour l’été 2014, le FE envisage donc d’organiser un congrès abordant les controverses liées à cette approche.

Stefan Brücker, administrateur du conseil d’experts SIA énergie