14.02.2013 | sia online | Stefan Brücker
La SIA et la stratégie énergétiqueLa SIA soutient la stratégie énergétique 2050. L’objectif d’un remplacement progressif des agents énergétiques non renouvelables correspond au «modèle énergétique SIA pour le domaine de la construction» et est aussi jugé réaliste. Toutefois, sa mise en place dans le secteur du bâtiment ne sera possible que si les cantons assument leur rôle de porte-étendard dans la modernisation, si la transparence nécessaire des données de consommation devient effective et si la transmission des savoirs est assurée. Avec la stratégie énergétique 2050, la Confédération fait œuvre de pionnier en proposant un concept global de transformation de notre approvisionnement en énergie. L’accent principal est mis, au premier chef, sur l’accroissement de l'efficacité énergétique afin d’obtenir une réduction graduelle de la consommation d'énergies fossiles et nucléaires. Représentant 49% de la consommation nationale des agents énergétiques fossiles et 37% de la consommation électrique, l’exploitation de nos bâtiments joue ici un rôle-clé. CONSULTATION DE LA SIALa consultation de la stratégie énergétique 2050 de la Confédération a été lancée entre fin septembre 2012 et fin janvier 2013. Un groupe de travail émanant du conseil d’experts SIA énergie (ex-commission énergie) a, conjointement avec les représentants de la commission pour les normes des installations et de l'énergie dans le bâtiment (KGE), élaboré une prise de position. Après adoption par le conseil, cette dernière a été soumise aux groupes professionnels au début du mois de novembre 2012 afin qu’ils la commentent. Puis cette version remaniée a été approuvée le 18 janvier 2013 par le comité (ex-direction) et transmise dans les délais à la Confédération. La SIA considère qu'un débat approfondi doit avoir lieu sur certains aspects précis de la stratégie énergétique 2050:
MODERNISATION DU PARC IMMOBILIERPrès de deux tiers des bâtiments suisses ont plus de trente ans d’âge, affichant des indices de dépense d’énergie allant jusqu’à 200 kWh/m2a et, par conséquent, consomment par an environ quatre à sept fois plus d'énergie que les nouvelles constructions (indice de dépense d'énergie moyen: 50 kWh/m2a; Minergie-P: 30 kWh/m2a). Grâce aux économies d’énergie réalisées, les frais d’investissement des assainissements sont souvent amortis en l’espace de quelques années seulement, mais le gain de confort est encore très loin d'être pris en compte. Le taux d'assainissement, qui tourne autour d’1% par an depuis des décennies, est en contradiction flagrante avec ces faits.
RÉFLEXION GLOBALE SUR L'ÉNERGIE ET OPTIMISATION DE L’EXPLOITATIONAujourd’hui, le refroidissement, la ventilation et l'éclairage ont une répercussion souvent plus importante que le chauffage sur le bilan énergétique des bâtiments complexes (la plupart du temps, des bâtiments à usage non habitatif). Dans son étude Mesures d’efficacité dans le domaine de l'électricité (2009), l’OFEN relève des possibilités d'économie de 34% dans ces branches, avec des délais d'amortissement de quelques années seulement. Toutefois, nous nous heurtons ici à un conflit d'intérêt entre investisseurs et exploitants: pour les premiers, les optimisations d'exploitation sont synonymes de surcoûts et pour les seconds, ces installations sont inefficaces.
MONITORING ET MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME NATIONAL «SIG-ÉNERGIE»Pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie 2050, l’effet des mesures doit être contrôlé en permanence. Toutefois, le manque de transparence des données énergétiques rend aujourd’hui très difficile une telle vérification: on ignore souvent le niveau de consommation des bâtiments et les données concernant l’achat de gaz et d’électricité sont difficiles à obtenir. C’est la raison pour laquelle les planifications énergétiques actuelles reposent le plus souvent sur des valeurs moyennes.
PROMOTION DES CCFLa promotion générale des CCF, ces installations à combustibles fossiles, s’oppose au modèle énergétique SIA pour le domaine de la construction et n’est pas compréhensible, d’autant que ces systèmes fonctionnant à l'énergie thermique constituent un apport peu important à l’approvisionnement en électricité et à sa sécurité au sens d'énergie régulée. Seules exceptions notables: les CCF fonctionnant sur la base d’énergies neutres en CO2 (biomasse, biogaz, hydrogène renouvelable, etc.) ainsi que les installations industrielles qui consomment 100% du courant qu’elles produisent. EXONÉRATION DES GROS CONSOMMATEURS DU SUPPLÉMENT SUR LES RÉSEAUXLa SIA juge problématique l'exonération des gros consommateurs d’énergie électrique (plus de 0,5 GWh par an) du supplément pour la RPC. Une intervention de ce genre est un facteur de distorsion du marché et freine toute motivation à accroître l'efficacité, précisément très élevée chez les gros consommateurs. Par ailleurs, les entreprises qui ont instauré des mesures d'efficacité et de cohérence en seraient désavantagées. Nous ferions passer là un message sujet à controverse! Enfin, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’écart entre les prix de l’électricité et les prix de revient reste assez faible en Suisse du fait de la réglementation nationale. Selon les règles de l’économie de marché, une telle exonération n'a donc pas lieu d'être.(2) FORMATION DE SPÉCIALISTES QUALIFIÉSDéjà patente, la pénurie de spécialistes qualifiés dans le secteur de l’énergie dans les bâtiments va être aggravée par ces nouvelles missions. La promotion de la formation initiale et continue des professionnels et de la relève (jusqu’à l’école primaire) doit réellement être étendue afin d’être sûrs que les mesures n’échoueront pas en raison de cette lacune. PERSPECTIVESDans son modèle énergétique SIA pour le domaine de la construction paru en 2009, la SIA s'est engagée à ériger le parc immobilier suisse sur des fondations durables, en assumant un rôle de guide. Association de référence des professionnels de la construction, des techniques et de l’environnement, elle est soucieuse d’apporter une contribution notable à la mise en œuvre de la stratégie énergétique 2050. Toutefois les interventions qui se dérouleront sous le signe de l’accroissement de l'efficacité et du développement des sources d’énergie renouvelables devront être mûrement réfléchies pour ne pas aller à l’encontre des intérêts de l’héritage du bâti et de la biodiversité. Pour ce faire, les règles du jeu devront clairement définir les interventions à tolérer au nom de l'avenir énergétique et celles à rejeter. Stefan Brücker, responsable du conseil d’experts SIA énergie 1 Selon une étude de l’OFEN datant de 2005, Mobilisierung der energetischen Erneuerungspotenziale im Wohnbaubestand (Mobilisation du potentiel d’économies d’énergie dans la rénovation du parc immobilier de logements, disponible uniquement en allemand), 37% des propriétaires de maisons individuelles ont recours, pour leurs projets de rénovation, aux recommandations de relations et non aux conseils d'experts. (Cf. également: http://www.cepe.ch/research/projects/mobilisation_buildings/525_be_Mobilisierung_SchluBe_offiziell.pdf)
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