25.07.2016 | sia online | Walter Kaufmann

Indications concernant les ciments de type CEM III/B

Dans le secteur du bâtiment, l’utilisation de ciments du type CEM III/B est fréquemment prescrite pour des raisons liées au développement durable. Le texte qui suit expose en quoi cette spécification peut se révéler problématique.

Dans le secteur du bâtiment, certains maîtres d’ouvrage prescrivent dans leurs dossiers d’appels d’offres des ciments de type CEM III/B à titre de contribution au développement durable. En effet, selon les pratiques courantes d’évaluation, les émissions de CO2 liées au CEM III/B sont inférieures à celles des autres ciments. Les bétons figurant dans ces appels d’offres sont généralement des bétons de recyclage, mis en soumission comme bétons à propriétés spécifiées selon la norme SIA 262 ou SN EN 206.

A ce sujet, la commission des normes SIA 262 tient à attirer l’attention sur quelques points à prendre en compte.
Les bétons fabriqués à partir de CEM III/B durcissent nettement plus lentement que les bétons fabriqués à partir de CEM I ou de CEM II et développent une chaleur d’hydratation largement inférieure. De ce fait, les délais de décoffrage et les durées de cure des éléments de construction exécutés avec du CEM III/B sont nettement plus longs (au moins deux fois plus, en général). Ceci influe de manière négative sur l’avancement des travaux, particulièrement en période de basses températures. D’autre part, les bétons fabriqués avec du CEM III/B présentent une résistance moindre à la carbonatation, et la pratique révèle que les valeurs limites correspondant aux types de bétons CAN_ A et CAN_ B ne peuvent pas être tenues avec certitude. Les bétons de recyclage étant généralement assez peu résistants à la carbonatation, la combinaison avec du CEM III/B accroît encore le risque de corrosion, ce qui est particulièrement critique pour des éléments de construction au contact avec l’extérieur ou à proximité d’une salle d’eau. D’autre part, lorsqu’on prescrit le type de ciment à utiliser, sans formuler d’exigence technique particulière concernant les propriétés du béton et les méthodes d’essai correspondantes selon la norme SIA 262, chiffre 3.1.1.2.2, il ne s’agit plus d’un béton à propriétés spécifiées, mais d’un béton à composition prescrite.

Or, dans le cas d’un béton à composition prescrite, les responsabilités des parties engagées dans la construction sont considérablement modifiées. Ainsi, la responsabilité relative au  respect des exigences générales requises par la norme SN EN 206 et l’essai initial du béton incombe au maître de l’ouvrage ou au projeteur. L’emploi de ciments du type CEM III/B se justifie pour des bétons du génie civil, dont le de rapport e/c est relativement faible et l’enrobage d’armature important. Ils sont particulièrement adaptés pour des raisons techniques, comme la résistance à l’AAR ou aux sulfates ou lorsque des éléments de grande épaisseur requièrent une faible chaleur d’hydratation. La durabilité des ouvrages du secteur du bâtiment réalisés avec du CEM III/B s’avère en revanche plus douteuse en raison des problèmes potentiels de résistance (au temps?). A ceci s’ajoute la question des responsabilités (béton à composition prescrite).

C’est pourquoi la commission des normes SIA 262 recommande de renoncer à la prescription de ciments du type CEM III/B pour des raisons liées au développement durable.

Le caractère durable d’un ouvrage devrait être évalué beaucoup plus globalement selon la norme SN EN 15804.

Prof. Walter Kaufmann, ing. dipl. EPF/SIA, président de la Commission SIA 262