16.01.2015 | tracés | Stefan Cadosch

Interventions désirées!

La voix de la SIA compte et ses avis ont du poids. Cette inf luence résulte de l’engagement de ses nombreux expertes et experts sur les questions relatives aux politiques de construction et d’aménagement actuelles. Et les enjeux liés à l’avenir d’une culture bâtie de qualité appellent des prises de position auxquelles la SIA ne saurait se soustraire.

Les questions que le pays adresse à la SIA se multiplient, non seulement en raison de la taille de celle-ci, mais en vertu des compétences qu’elle fédère et des idéaux qu’elle représente. Cette recherche d’expertise est sans conteste une marque de succès ! Succès qui oblige à expliciter encore plus pertinemment les conditions sociales, économiques et politiques indispensables au développement qualitatif du patrimoine bâti en Suisse.

Du tableau d’affichage au forum de discussion

Nos trois revues spécialisées TRACÉS, TEC21 et archi apportent une contribution notable à ce débat, y compris dans les pages SIA que vous avez sous les yeux et dont le nombre s’est considérablement accru au cours de la dernière décennie. Alors qu’en 2005, certains numéros de TRACÉS par exemple paraissaient encore sans aucune page SIA, la rubrique en comptera désormais trois dans chacun des 21 numéros annuels. Au niveau du contenu et de leur valeur informative, les pages SIA ont aussi énormément progressé. Plus proches il y a dix ans d’un « tableau d’affichage » annonçant principalement la mise en consultation de normes et les manifestations à venir, elles sont aujourd’hui devenues un important canal de diffusion politique pour la Société. Une évolution que nous devons en partie aux constants efforts du service Communication de la SIA et des rédacteurs et rédactrices des revues, ainsi qu’au soutien de la SEATU, éditrice des trois titres.

De l’organisation coordonnée de la sphère commune

Je suis bien conscient que les opinions divergent au sein de la SIA quant à l’opportunité et, le cas échéant, à la forme à donner aux interventions politiques de la Société. Je n’en reste pas moins persuadé que nous devons être présents et actifs dans l’arène politique. Je conçois en l’occurrence la politique comme l’organisation du vivre ensemble. J’ai également la conviction que notre essence communautaire se manifeste pour une forte part dans le patrimoine bâti en Suisse. Or c’est précisément en raison de leur portée collective que l’architecture et les ouvrages d’art engagent une responsabilité sociale, donc politique, à laquelle la SIA se doit de répondre.

Comment cela se traduit-il pour l’agenda 2015 de la Société ? D’ici mai, la SIA doit finaliser une prise de position univoque sur la deuxième étape de la révision de la Loi sur l’aménagement du territoire. Une étape qui, outre que son contenu laisse encore à désirer, intervient beaucoup trop tôt selon la SIA. Ensuite, les Chambres fédérales ont décidé l’arrêt de la centrale nucléaire de Mühleberg en 2019, puis de Beznau I et II en 2029 et 2031 au plus tard, ce qui représente quelque 15 % de la production énergétique suisse. Comme 37 % de l’énergie actuellement consommée l’est par le parc immobilier, il s’agit de continuer à réduire cette part.

En ce qui concerne la valorisation de la culture architecturale, le bâti contemporain est certes en bonne voie d’être intégré au Message culture 2016-2019, mais là encore, il faudra répondre adéquatement aux voix qui s’élèvent soudain avec Patrimoine suisse pour contester cette inclusion. Enfin, nous ne saurions oublier que l’acceptation de l’initiative contre l’immigration dite de masse reste à l’ordre du jour : la SIA et ses membres doivent contribuer à une mise en oeuvre inclusive du texte, avec des mesures d’accompagnement favorisant le recours aux réserves de spécialistes indigènes dans nos propres rangs.

Des responsabilités à rappeler

Finalement, il nous incombe de rappeler la collectivité à ses propres responsabilités. Par exemple envers la culture bâtie de notre pays, incarnée par les contributions majeures des architectes et des ingénieurs qui l’ont forgée. Nous devons résolument nous mobiliser en faveur de modèles d’honoraires et de procédures de passation des marchés équitables – revendications qui doivent non seulement engager la SIA, mais aussi chaque architecte et chaque ingénieur face à son maître de l’ouvrage.

Il s’agit de faire respecter les principes de rétribution et d’attribution de mandats qui viennent d’être mis à jour dans les règlements sur les prestations et les honoraires (RPH) 102, 103, 105 et 108, ainsi que dans les règlements SIA 142, 143 et 144 sur les concours, les mandats d’étude parallèles et les offres de prestations.

A l’exemple des communes argoviennes de Rothrist et Reinach l’an dernier, nombre de maîtres de l’ouvrage font en effet preuve d’une très courte vue en se focalisant exclusivement sur les coûts, à l’exclusion de toute considération écologique, sociale, urbanistique ou architecturale, pour adopter une approche tout sauf responsable et durable sur le long terme.

Tout cela illustre suffisamment l’obligation pour la SIA et ses membres de relever, également au cours de l’année qui vient, le défi politique consistant à ne pas laisser la collectivité traiter l’aménagement de notre environnement à la légère. Que tous ceux et celles qui s’y engagent en soient cordialement remerciés ici !

Stefan Cadosch, architecte et président SIA

Stefan Cadosch (Photo: SIA)